Sexualité après un trauma sexuel : quand le corps se souvient
- scarlett kaplan
- 4 déc.
- 3 min de lecture

Vous aimez votre partenaire. Vous avez envie d'une vie intime épanouie. Vous voulez jouir de la joie de vivre, d'avoir votre corps, d'aimer librement. Mais quelque chose coince.
Votre corps se ferme. Se tend. S'absente. Vous êtes là, mais pas vraiment. Parfois vous vous forcez — et vous vous en voulez après.
Ce n'est pas un manque d'amour. Ce n'est pas "dans votre tête". C'est votre corps qui porte encore la trace de ce qui s'est passé.
Ce que le trauma fait à la sexualité
Un trauma sexuel — viol, agression, abus, inceste, violences conjugales — laisse des traces. Pas seulement dans la mémoire. Dans le système nerveux. Dans les tissus. Dans les réflexes du corps.
Et quand l'intimité revient, le corps peut réagir comme s'il était encore en danger. Même des années après. Même avec quelqu'un de confiance. Même quand vous voulez, vraiment.
Ça peut ressembler à :
Le bassin qui se verrouille. La gorge qui se serre. Une douleur inexpliquée. Une envie de fuir. Ou au contraire, plus rien — une anesthésie, comme si vous n'étiez plus là.
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Pourquoi votre corps réagit comme ça
Ce n'est pas une faiblesse. Ce n'est pas un échec. C'est une protection.
Votre système nerveux a appris que l'intimité pouvait être dangereuse. Et il continue de vous protéger — même quand le danger n'est plus là.
C'est une intelligence de survie. Elle vous a peut-être sauvée à un moment. Mais aujourd'hui, elle vous empêche de vivre ce que vous voulez vivre.
Les signes fréquents
Perte de désir. Douleurs pendant les rapports. Vaginisme. Difficulté à atteindre l'orgasme. Dissociation — être là sans être là. Flashbacks ou images intrusives. Dégoût, honte, ou envie de pleurer après.
Parfois tout à la fois. Parfois un seul. Parfois ça varie.
Ce que vous vivez a un sens. Et ça peut évoluer.
Quand tout va bien — et que les larmes arrivent
Parfois, c'est l'inverse qui déroute. Tout se passe bien. Votre partenaire est doux. Vous êtes en sécurité — vraiment. Et d'un coup, vous fondez en larmes. Sans savoir pourquoi.
Ça peut arriver pendant. Ou juste après. Sans tristesse consciente. Sans souvenir précis. Juste une vague qui monte et qui déborde.
Ce n'est pas un échec. Ce n'est pas "retomber dedans". C'est souvent le contraire : le corps qui se sent enfin assez en sécurité pour relâcher ce qu'il portait. Une libération. Pas une rechute.
Mais c'est déroutant. Pour vous. Pour votre partenaire. Et si personne ne vous l'explique, vous pouvez croire que quelque chose ne va pas.
Tout va bien. Votre corps fait son travail.
Ce qui peut vous aider
Le travail ne consiste pas à "oublier" ce qui s'est passé. Ni à forcer votre corps à accepter ce qu'il refuse.
Il s'agit de réapprendre la sécurité. De désactiver les alarmes qui n'ont plus lieu d'être. De retrouver l'accès à vos sensations — à votre rythme.
L'EMDR permet d'apaiser la charge des souvenirs. L'EFT calme les réactions du corps. L'hypnose aide à retrouver un sentiment de sécurité intérieure. Le travail corporel doux réapprivoise le toucher, les sensations, le bassin.
Et parfois, simplement : mettre des mots sur ce qui n'en avait pas.
Vous n'êtes pas cassée
Ce que vous vivez ne dit rien de votre valeur. Rien de votre capacité à aimer ou à être aimée. Rien de votre avenir.
Ça dit juste que votre corps porte quelque chose — et qu'il est temps de le déposer.
Et si le problème n'était pas votre corps ?
On croit souvent que le corps est cassé. Qu'il faut le réparer, le forcer, le rééduquer.
Mais votre corps fonctionne. Il a fait exactement ce qu'il fallait pour vous protéger. Et il sait comment guérir — si on lui donne le bon contexte.
Un os cassé, replacé correctement, se ressoude. Il devient même plus solide qu'avant.
Votre système nerveux fonctionne pareil.
